
Lorsqu’on feuillette d’anciens albums de cartes postales, on y trouve principalement des vues sans grand intérêt de lieux qui n’ont pas évolué depuis plus d’un siècle: châteaux, cathédrales, ponts. On y rencontre aussi, parfois, des clichés moralement discutables au regard de nos principes de lecteurs civilisés de ce début de XXIe siècle.
J’ai choisi trois photographies cruelles qui font de la détresse humaine une forme de spectacle, apprécié, j’imagine, car ces cartes postales ont été imprimées pour être vendues.
Le premier document est un montage associant deux habitants de Commentry, dans l’Allier, un homme et une femme, qui exposent sans complexe leur alcoolisme, bouteille à la main. On peut supposer que les bouteilles qu’ils tiennent par le goulot sont toute ou partie du salaire que leur a versé le photographe pour prendre ses clichés.

Tout aussi tragique, ce portrait de berrichonne du bourg d’Henrichemont, dans le nord du département du Cher. Visage bouffi et presque androgyne, le sujet est disposé dans un décor floral qui doit souligner son manque de féminité.
L’auteur de la carte postale précise même qu’il s’agit de la « belle » Angèle.

Alors que la mère, les mains nouées sur sa canne, posait devant l’objectif, sa fille attendait son tour. Si on regarde bien le fond de chaque photographie, on remarque une étagère pleine de pots de fleurs commune aux deux vues.
La malheureuse, les traits déformées par la boisson, pose, semblable aux habitants de Commentry, une bouteille et un verre à la main.
© Olivier Trotignon 2019
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