J'ai trouvé cette carte, au demeurant sans grande originalité, de la place de l'église du village d'Ainay-le-Vieil, dans le sud du Cher. Presque rien n'a changé dans cette bourgade, à part l'éclosion inévitable d'un quartier pavillonnaire en limite d'agglomération et, surtout, la disparition de tous ses commerces et d'une bonne partie de son tissu économique.
Pourquoi Ainay précisément, et pas une autre bourgade rurale des régions du Centre? Tout simplement parce que j'ai eu de la famille qui a vécu là, et que j'écoute par beau temps la cloche de l'église de l'endroit où j'habite. J'ai pu constater la lente déchéance de ce petit village dont la majorité des activités ont fondu avec l'exode rural, la démocratisation de l'automobile et l'évolution des modes de consommations.
Quand la personne à laquelle je songe est venue acheter une petite maison au delà de la voie ferrée, Ainay avait encore: un boulanger, un boucher-charcutier, un hôtel, une épicerie, une gare, une poste et un curé. J'ajouterai, mais ça n'entrait pas dans les préoccupations de mon ancêtre: au moins un bistrot et deux maréchaux-ferrants. C'était dans les années cinquante. A l'époque de la carte postale, il se trouvait même des prostituées comme le montre le registre des filles soumises du commissariat de Saint-Amand-Montrond. Quand j'ai emménagé au début des années quatre-vingt-dix, il restait un café, un hôtel-restaurant, une épicerie, une boulangerie et une poste. C'est elle qui a tenu le plus longtemps. Elle a fermé en 2012. Le dernier point commercial, hormis une coopérative agricole, est désormais la boutique du château, où se trouvent billetterie, souvenirs et produits culturels.
Le même phénomène a frappé tous les villages alentours. Parfois, un café, d'autres fois une boulangerie ont encore une vitrine éclairée le soir